Frontaliers et chômage nord-lorrain

Pas de lien mécanique entre hausse des frontaliers et baisse du chômage

Entre le 4ème trimestre 2009 et le 3ème trimestre 2024, l’emploi au Luxembourg progresse de 46%. Dans le même temps, aucun impact positif majeur n’est constaté sur les ZE de Metz et Thionville, l’embellie observée entre 2016 et 2020 s’inscrivant dans une amélioration globale du contexte économique, les courbes étant par ailleurs presque parfaitement alignées avec la tendance à l’échelle du Grand Est.

Au contraire, depuis 2009, le nombre des demandeurs d’emploi augmente sur les ZE de Thionville (+22%) et de Metz (+23%), au même rythme que la Région Grand Est (+24%), alors que l’emploi salarié au Luxembourg a fortement progressé.

L’évolution de l’emploi au Luxembourg ne se traduit donc pas mécaniquement par une baisse du chômage dans le Nord-lorrain.

Au final, la part des demandeurs d’emploi dans les nouveaux frontaliers est finalement assez limitée : toujours d’après l’INSEE, la part des demandeurs d’emplois nés en Meurthe-et-Moselle ou en Moselle ne représente que 12% des nouveaux frontaliers pour la période 2018-2020  [3].

[3] Consulter l’article sur le site INSEE

 

En conclusion, si le Luxembourg a été effectivement une opportunité dans les années 80 et 90 pour de nombreux sidérurgistes lorrains qui ont pu être reclassés et limiter l’explosion du chômage dans les anciens bassins sidérurgiques, l’ouverture de l’économie luxembourgeoise vers la finance a radicalement transformé la nature des besoins en main-d’oeuvre, auxquels les demandeurs d’emploi, nord-lorrains comme luxembourgeois, répondent de moins en moins. La diversité des profils des nouveaux frontaliers tend à brouiller les cartes et finalement, avec à peine plus d’un nouveau frontalier sur 10 directement issu du contingent des demandeurs d’emploi locaux, force est de constater qu’en 2025, l’idée que « le travail frontalier fait baisser le chômage en Lorraine » relève davantage du mythe que de la réalité.

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